Voici un texte court, ressorti des tiroirs, qui a marqué mes débuts dans l'écriture.
La colocation, ça peut parfois être... troublant.
Un seul conseil : allez jusqu'au bout :)
Il
vient juste de partir. J’ai passé la nuit planqué sous l’escalier, derrière le
rideau, tantôt endormi, tantôt réveillé par leurs cris et gémissements
bestiaux. À mon avis, ils me croyaient en virée nocturne, comme la plupart des
soirs. Pas cette fois. Je dois vérifier quelque chose. Ça obnubile mes pensées
et me remplit de stress, comme un moustique qui vous tourne autour en pleine
nuit et vous empêche de dormir avec ses bzzzzz agaçants.
La
porte est entrouverte. Je la pousse délicatement et entre dans le lieu de
débauche où plane encore une légère odeur de sueur et de sexe, signe
caractéristique d’une courte nuit. L’obscurité domine la pièce. J’avance vers
le lit, la jeune femme n’a pas remarqué ma présence. Elle dort paisiblement. Je
m’assieds sur les draps souillés et l’observe. Je distingue ses jambes fines et
lisses, elles semblent si douces. De longs cheveux blonds couvrent une épaule
fragile et dénudée. J’approche ma tête, je peux flairer l’odeur laiteuse de sa
peau.
J’ai
envie de la toucher, de me frotter à elle, de sentir sa respiration envahir mon
corps. Son visage aux traits réguliers m’attire comme un aimant. Je la veux,
rien que pour moi. Je frôle sa main. Elle me repousse d’un geste brusque, sans
se réveiller, puis se retourne en s’enroulant dans les draps. Sa réaction me
hérisse. À cet instant, je n’ai qu’une envie, la sortir du lit aussi
brutalement qu’elle m’a rejeté, et la virer d’ici. Elle n’a pas sa place dans
cette maison. Mais je ne peux pas, c’est à Nicolas d’ouvrir les yeux sur cette
femme.
Son
ancienne petite amie était différente, agréable, et il semblait si heureux à
ses côtés. Moi aussi je l’appréciais, et c’était réciproque. Cette femme, qui
vient de me repousser, ne m’a jamais aimé, je l’ai tout de suite senti à sa
façon de me regarder avec dédain. Nicolas, lui, ne voyait rien, aveuglé par un
amour florissant.
Je
suis toujours dans la chambre quand un bruit de clés m’interpelle. Je tends
l’oreille, c’est la porte d’entrée. Nicolas serait-il de retour ? Je bondis et
quitte la pièce sans me préoccuper du vacarme que je pourrais faire. Je
l’aperçois dans le couloir, et là, tout s’effondre autour de moi. Il tient un
sachet de viennoiseries dans une main et un bouquet de roses dans l’autre, le
sourire aux lèvres.
Je
réalise à cet instant que je vais devoir cohabiter un long moment avec elle. Je
voudrais crier, extirper Nicolas de ce rêve d’amour parfait dans lequel elle
l’a enlisé. J’ai tenté tant de fois de lui dire. Je ne cesse de lui répéter,
mais il ne me comprend pas. Quand va-t-il se rendre compte que je préfère
l’autre ? Elle était si gentille, douce. Quand j’allais la rejoindre dans le
lit au petit matin, elle m’attirait vers elle, me serrait contre sa poitrine,
me caressait parfois. J’ai la nette impression qu’elle ne reviendra jamais.
Alors
je capitule. Je file dans la cuisine, sans saluer mon maître, résigné, et prends
d’assaut mon bol de croquettes.
J'espère que vous avez apprécié cette petite parenthèse. Si c'est le cas, commentez, partagez :)
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